La méthodologie a été testée par l’équipe du CHU de Grenoble. La démarche commence à se déployer dans cinq hôpitaux périphériques, ainsi que dans quatre autres CHU en lien avec des établissements de proximité.
Elle prend appui sur le QUESTIONNAIRE NWI-EO élaboré dans le cadre du réseau CHU, au cours du projet ORSOSA 1.
Cet outil permet d’établir un diagnostic des CPO (ensemble des contraintes psychologiques, mentales, sociales et organisationnelles au travail susceptibles d’induire des effets néfastes sur la santé au niveau des unités de soins) puis d’initier une démarche de prévention à partir de l’interprétation collective des forces et faiblesses ainsi identifiées.
« Cette approche de diagnostic rapide puis de prévention, au niveau des unités de soins, est différente des autres enquêtes que les établissements ont pu mettre en place. Il y a une complémentarité et non une concurrence à mettre en exergue » indique Régis de Gaudemaris Professeur de médecine et santé au travail, CHU de Grenoble responsable du projet.
Ce questionnaire prend en compte le fonctionnement de l’unité de travail, et révèle les atouts et les points à améliorer à partir de 8 dimensions psychologiques et organisationnelles sur lesquelles il est possible d’apporter de la prévention. Les forces de l’unité correspondent à un faible niveau de contraintes ; à contrario, les éléments à améliorer sont représentés par un haut niveau de contraintes. A partir d’un seuil d’alerte, une dynamique de prévention peut être lancée.
« La démarche n’a pas pour but de proposer un outil « clé en mains » où un niveau de contraintes donné renverrait à une préconisation type, valable pour toute autre unité de travail. L’évaluation s’inscrit dans une création de dynamique d’équipe, ou chacun a son rôle et sa fonction : c’est une aide permettant de donner les moyens d’améliorer le fonctionnement de l’unité » précise Régis de Gaudemaris.
Une aide pour améliorer la qualité de vie au travail
L’expérimentation dans les CHU auxquels sont associés 5 hôpitaux de proximité se déroule en plusieurs phases. Toutes concourent à la mise en œuvre d’une dynamique collective pour rechercher des solutions pragmatiques.
- La détermination des unités de travail (unités fonctionnelles ou services) constitue une étape importante. Pour Régis de Gaudemaris « il est primordial qu’elles soient adaptées à la prévention primaire, puisque l’outil a été conçu de manière à reconnaître les forces et faiblesses en amont des difficultés pouvant survenir. » L’intégration des cadres de proximité des équipes à la démarche s’avère aussi essentielle pour créer une dynamique de prévention collective à partir d’un diagnostic partagé sur le fonctionnement de l’unité, c’est-à-dire le management, l’organisation du travail.
- Le diagnostic s’effectue tout d’abord sur la perception des CPO par les soignants. Le projet et le questionnaire sont présentés aux équipes afin d’exposer les différentes étapes. Une urne est déposée dans un lieu défini en accord avec le cadre permettant ainsi le recueil des questionnaires de manière anonyme. Les réponses sont ensuite saisies sur la plateforme internet du logiciel. Cette phase reste très rapide compte tenu du fait que le questionnaire est court. L’analyse est automatique et peut s’exporter dans différents formats de fichiers. Un seuil d’alerte s’affiche dès lors que le score moyen des réponses à une dimension dépasse un niveau défini.
- Une approche de diagnostic plus longue est conduite ensuite par la (les) psychologue(s) du travail (non intégré à l’établissement). Le diagnostic issu du questionnaire est analysé par la psychologue du travail avec les cadres et les médecins, puis par l’équipe (IDE, ASH) sans l’encadrement. Enfin, une réunion de l’ensemble de l’équipe avec la hiérarchie de proximité permet une analyse commune. Les différents échanges entre les acteurs permettent d’obtenir un consensus sur l’état des lieux qui génère une dynamique pour la recherche d’actions de prévention.
Régis de Gaudemaris souligne toutefois : « Nous insistons particulièrement sur l’implication de l’administration de l’établissement dans la prise de connaissance des propositions et dans le suivi. Ce système ne peut en effet fonctionner que si le management est impliqué. »
La revue « Les cahiers des RPS » de décembre 2013, a présenté dans sa rubrique « Outils » les premiers enseignements de l’expérimentation conduite dans quatre hôpitaux de la région de Grenoble.