Quid de la santé des femmes ?
Pourquoi a-t-on mis autant de temps à s’intéresser à une maladie typiquement féminine telle que l’endométriose ? Il apparaît que certaines maladies sont sous-diagnostiquées en fonction du sexe et que le traitement même de la douleur, par exemple, serait aussi fonction du genre… Pourquoi cette inégalité de traitement entre hommes et femmes lorsqu’il s’agit de santé ?
Un constat : les femmes manquent d’attention en matière de santé
Selon l'Insee, un homme né en 2016 peut espérer vivre 79 ans quand une femme peut
atteindre 85 ans. Mais, si les femmes vivent plus longtemps, elles passeraient plus d'années
à souffrir que leurs alter ego masculins. Et elles perçoivent leur santé de façon plus négative
que les hommes en déclarant souffrir davantage d’incapacité et d’isolement. Pour quelle
raison ? Brigitte Letombe, gynécologue, avance une théorie intéressante selon laquelle les
femmes oublient de penser à elles, à leur santé ; elles s'occuperaient et se soucieraient
davantage des enfants, des parents, du partenaire et pas suffisamment d'elles.
Une étude aux résultats intéressants
En 2021, des chercheurs de l’université de Miami ont mené une expérience. La première
consistait à montrer à 50 participants des vidéos de patients hommes et femmes souffrant de
douleurs à l’épaule, dont les expressions faciales étaient analysées grâce à un système
informatique permettant d’obtenir un score d’intensité de la douleur. En visualisant les
vidéos, les participants de l’expérience ont ensuite été invités à évaluer l’intensité de la
douleur des patients sur une échelle de 0 à 100. Il en ressort qu’à intensité de douleur égale,
les participants ont majoritairement estimé que l’homme souffrait plus que la femme.
Des traitements adaptés selon le genre
De cette expérience il ressort également que la douleur des femmes a tendance à être sous estimée et par conséquent les traitements donnés aux participants diffèrent selon le genre.
Ainsi le personnel médical en charge de l’expérimentation a-t-il eu tendance à prescrire
davantage de psychothérapies aux femmes et plus de médicaments antidouleurs aux
hommes, du fait que les hommes étant vus comme plus résistants à la douleur, leur
souffrance serait davantage prise au sérieux lorsqu’ils l’expriment.
Les auteurs de l’étude concluent ainsi « ces résultats suggèrent que les préjugés sexistes
dans l'estimation de la douleur peuvent être un obstacle à une prise en charge efficace de
celle-ci ».
S. Royer
Sans oublier les problèmes des violences faites aux femmes…
L’Organisation mondiale de la santé rapporte que la violence à l’égard des femmes, en
particulier au sein du couple constitue un problème majeur et persistant de santé publique.
Ainsi, selon l’institution, plus d’une femme sur cinq (22 %) est victime de violences au sein
de son couple dans les pays à revenu élevé et en Europe. La Haute autorité de santé oeuvre
actuellement avec différents groupes de travail pour mieux former les sages-femmes,
médecins généralistes, paramédicaux (…) à « dépister » les violences subies par les
femmes, avec une vigilance accrue pour les personnes vulnérables (femme enceinte ou
porteuse de handicap)