La télémédecine pour lutter contre les déserts médicaux ?

En zone rurale, il est parfois difficile d’avoir un rendez-vous avec un professionnel de santé et s’il s’agit d’un spécialiste, il faut souvent attendre de longs mois. Parallèlement, on entend de plus en plus parler de télémédecine et de téléconsultations, à savoir des consultations réalisées à distance, via un ordinateur, grâce à un internet. Qu’en est-il concrètement de cette pratique ? Est-elle facilement accessible et peut-elle être utile notamment pour les seniors ? 

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
13% des Français, soit 9 millions de personnes, vivent aujourd'hui dans un désert médical. 
Les communes rurales sont les plus touchées. Malgré les efforts, la situation continue à se dégrader, face à un contexte de vieillissement de la population, de recrudescence des patients atteints de maladies chroniques et de vagues épidémiques cumulées (bronchiolite, grippe, Covid-19…) qui font exploser les besoins.
Face à ce constat, la téléconsultation peut apparaître comme une solution pertinente pour mieux répartir la ressource médicale sur le territoire. La crise sanitaire de 2020 a joué un rôle de catalyseur accélérant son déploiement sur tout le territoire grâce notamment aussi à l’assouplissement de la réglementation liée à son remboursement. Le nombre de téléconsultations est ainsi passé de 127 000 en 2019 à 18,5 millions en 2020 !  En 2021, le rythme est resté soutenu, avec 12 millions de téléconsultations réalisées.

La téléconsultation, pour qui, pourquoi ?
La téléconsultation réalisée dans sa grande majorité par des médecins généralistes, permet de suivre relativement aisément des patients atteints de maladies chroniques, des personnes à faible mobilité ou des patients situés dans des zones de sous-densité médicale. 
Cependant, malgré ses bons chiffres, la téléconsultation n’a pas tenu (toutes) ses promesses. En effet les patients qui ont le plus « téléconsulté » sont plutôt jeunes et habitent des zones urbaines à forte densité médicale. Les populations qui habitent dans des déserts médicaux, situés dans l'Ariège, l’Yonne ou l’Aveyron par exemple, sont celles qui ont eu le moins recours à la téléconsultation…

Un nécessaire meilleur accès au numérique 
L’une des principales explications du faible recours à la téléconsultation dans les déserts médicaux réside dans la fracture numérique. Il s’avère en effet que les régions les plus touchées par la désertification médicale sont bien souvent les plus mal loties en ce qui concerne l’accès à Internet, rendant la téléconsultation difficile voire impossible. Et sans surprise dans ces déserts médicaux on retrouve une population parmi la plus âgée de France, mal équipée et souvent dépendante d’un proche pour l’usage de la technologie. 
Ainsi, cette population, pourtant cœur de cible de la téléconsultation, n’a souvent pas les moyens de gérer une téléconsultation sans assistance, ce qui de fait limite la pratique. Des efforts restent donc encore à faire pour offrir un meilleur réseau, un accès facilité au numérique afin d’améliorer le recours à la pratique, parmi toutes les couches de la population, et notamment les seniors.

Rédactrice : S. Royer